Après le grand chaos et avant l’avènement de l’impensable, cachant un lourd secret, une famille s’extirpa de son anonymat en profitant d’un secteur économique des plus porteurs en cette période post-apocalyptique. L’intelligence d’un instinct ancestral fit que le clan Mac Dowell investit dans le secteur agro-alimentaire, réinterprétant la gestion des grandes multinationales qui avaient existé avant le cataclysme généré par mère nature.
C’est donc dans un petit monde à part, exsangue de souffrances et de frustrations que la dernière génération évolua, goûtant au luxe et au confort pour seule norme. Toutefois, tous les descendants avaient un attachement viscéral à devenir indépendant le plus vite possible, sans que l’on s’explique cet empressement si ce n’est le devoir d’être à la hauteur de ses aïeux. Bien que le petit Malcom-Euan  McDowell soit né et ait grandis comme un vrai Néo-New-Yorkais, sa famille n’avait de cesse à raviver les coutumes et traditions transmises oralement, rabâchant l’histoire de leur clan aux jeunes oreilles peu attentives et peu concernées d’un enfant beaucoup plus intéressé par la dernière tablette. Et pourtant, s’il avait su à quel point cette histoire particulière aurait une telle emprise sur son avenir, sur l’avenir de la dynastie.

Car nous n’avons pas affaire à n’importe quel clan écossais, les Mac Dowell appartient à l’un des plus anciens d’Écosse, une légende va même jusqu'à en remonter les origines à un sinistre et fameux ‘Angus le Sanguinaire’ qui auraient combattu les romains. Ce dernier descendrait d’ancêtres pictes et en aurait gardé toute la sauvagerie, devenant un guerrier fort et habile au maniement de la lame à deux mains plus qu’aux négociations diplomatiques. Mais, ce meneur avait tant tué qu’il fût maudit par le sang qu’il avait fait couler et dont il serait devenu l’esclave.
Vers la fin du 15e siècle, un autre chef de ce même clan, appartenant au lignage cadet, avait reçu cette même malédiction, cela eut pourtant des conséquences différentes et bien que doté depuis d’une pâleur maladive, le brutal chevalier devint un homme de foi et s’enferma dans un ermitage à la sombre réputation.

En ce qui concerne ce ‘Cher’ Malcom-Euan-Angus  Mac Dowell, le rattachement à la troisième branche cadette de cet illustre arbre généalogique ne lui apportait que le ridicule de porter une jupe lors de la Saint-Andrew’s Day. Et qui lui valaient ensuite, de sévères réprimandes après s’être battu pour un honneur bafoué des railleries de ses soient disant amis. Sans parler de ses rassemblements ridicules des jeux gaéliques, que le passionné d’informatique et d’électronique ne voyait que comme un instrument de torture donner aux parents pour se venger des turpitudes de leurs progénitures. Le glorieux passé de sa famille n’avait donc rien pour le motiver sérieusement à s’y intéresser.
Déjà très ambitieux et ayant atteint ses neuf ans, le gamin rétorquait à ses parents qu’il ne pourrait vendre ses ancêtres pour faire fortune, alors à quoi bon s’en remplir le crane, d’autant qu’ils n’en ont rien à faire eux maintenant !.. Souvent pour conclure un débat pour lequel il n’avait aucun intérêt, il en rajoutait une couche en citant la remarque préférée de son oncle, « ce noble et valeureux rattachement du rameau américain ne s’appuyait que sur des conjectures et des preuves assez tardives en comparaison de l’histoire prétendue celtique de notre clan ».
En guise de réponse, une claque sur l’arrière de ce crane si sélectif à ce qu’il laissait entrer, de la part d’un père agacer par une telle insouciance sur ce qui serait un jour son avenir.

Que dire, quand la grand-mère maternelle en venait à rattacher la réussite financière de tous les membres de leur clan après la colère de la nature, à cette appartenance et cette fierté d’appartenir à cette lignée maudite par le prix du sang, qui donnerait une volonté de se relever face à toutes les vicissitudes, dont dieu les accablerait pour l’éternité. Le jeune geek se contentant de souffler en baissant la tête tout en la secouant doucement de gauche à droite, afin de signifier un profond dépit de se rattacher à ses croyances de vieilles bigotes pour seules raisons d’une réussite au lieu d’y voir le fruit d’un long et laborieux travail.
Très tôt, l’héritier désigné de la mystique fatalité de sa naissance prospectait d’autres voies pour faire fortune, de celles qui avait fait la richesse des siens, et ainsi devenir lui-même un glorieux ancêtre, bien que son véritable but était avant tout de gagner son indépendance !.. Ce qui balaierai tout doute sur sa valeur personnelle et son évidente appartenance aux filous ‘McDowell’, tout en lui apportant un train de vie équivalent à celui reçu de ses parents mais enrichit d’une totale liberté, qui était elle sans prix.

Très jeune déjà, Malcom avait le goût pour le luxe sans pour autant avoir les moyens de satisfaire toutes ses attentes et ses envies, ses parents désirant l’instruire sur le coût des choses. Pourtant, sa naissance au sein d’une famille influente et importante dans les hautes sphères de la société américaine lui avait quasiment ouvert toutes les portes. Que celles-ci soient scolaires comme professionnelles, sans aucune hésitation il les franchit au risque d’attirer encore un peu plus l’attention sur lui.
Étrangement et heureusement aussi, plus il vieillissait, plus sa quête de reconnaissance et de réussite prenant forme et moins elle avait d’importance à ses yeux. Comme si en atteignant chacun de ses buts successifs, il en perdait les raisons et les motivations qui l’avaient conduit à les convoiter. Mais n’allons pas trop vite et revenons en au futur ingénieur-chercheur en électronique, celui-ci avait su montrer à toute sa famille qu’il ne serait pas un doux et obéissant labrador, qui suivrait docilement le chemin tracé par sa famille pour permettre à une société au passé douteux de se développer par son sacrifice.

Car, celle-ci satisfaisait toutes les commandes sans se soucier de l’honorabilité de sa clientèle, ce qui ne plaisait pas vraiment à l’étudiant empli d’idéaux que son immaturité plaçait avant tout. Initiant une prospérité durant les tumultes et les différentes périodes de chaos que de nombreux conflits disparates rendaient dépendant des approvisionnements alimentaires et qui apportait de juteux marchés, ses ancêtres n’avaient pas toujours œuvré dans la légalité.
Nos petits malins laissaient les autres courir après les honneurs d’une mort pour une cause pendant qu’ils s’enrichissaient en leur fournissant les produits de premières nécessités à prix d’or. On est loin des fiers guerriers pictes avec ces Mc Dowell néo-New-Yorkais !..
Cela à son importance, car cette aptitude à saisir la moindre opportunité même en pleine révolte de mère nature, forgea dans le caractère de tous les membres de cette famille un véritable dédain, pour ne pas dire mépris envers ceux qui ne partageaient pas le même attachement à leur clan.

C’est donc très détaché de ces ‘collègues étudiants’ et en toute discrétion que Malcom se lança dans des études d’ingénieries électronique en parallèle de ses cours d’économie et de gestion. En vrai mordu de technologies, il mit rapidement ses connaissances récemment acquises aux services des nouveaux riches issus de chaque nouvelle vague de dirigeants sortis des décombres et souvent de nulle part.
Il perçut et compris très vite que ces arrivistes avaient les mêmes désirs que ceux qui les avaient précédés et avaient des attentes quoi que superficielles, se révélaient très rémunératrice pour celui qui saurait trouver et obtenir ces signes affichables de leur récent changement de statut social. Œuvres d’arts et mobiliers avaient fait l’objet de nombreux trafics après que beaucoup de pièces aient disparu dans les catastrophes naturelles. Là encore, la sulfureuse réputation de sa famille avait délié les langues et offert de juteux profits.
Alors que le rusé ‘écossais’ œuvrait plus à ses business qu’à ses études, il engrangea quelques diplômes afin de faire taire sa famille, mais s’occupa très vite de stabiliser sa nouvelle situation financière en prévision de ce devoir.

Jusqu’au jour où les créatures soient disant mythiques se révèlent être existantes et même qu’elles en viennent à prendre les rennes du pouvoir quelques années plus tard.
Toutefois, toute bonne chose a une fin et alors que Malcom fêtait ses vingt-quatre ans dans la plus stricte intimité avec ses plus proches amis et les dernières générations de sa famille dans le superbe loft qu’il venait de s’offrir. C’est alors que des oiseaux de mauvais augure apparaissaient dans cette magnifique soirée.
Ses parents et l’ensemble de ces oncles et tantes germains ou à la mode de Bretagne se tenaient sous l’arcade de la terrasse en affichant des masques de solennités qui tranchaient avec le côté festif de l’ambiance générale. L’Histoire familiale venait se rappeler aux souvenirs de l’arrogant gaillard que son sort n’était pas son pré requis et qu’un engagement avait déjà été conclu pour lui. Pour ceux qui ignorent les origines de la dette de sang, permettez de faire un petit rappel.

Vers la fin du 7e siècle, le chef de la branche aînée d’alors appartenait certes à une très ancienne famille, dont les premiers personnages importants auraient combattu les romains.
Ayant tant tué au point de se voir affublé l’adjectif de sanguinaire, il fût maudit par ce même sang dont il serait devenu l’esclave en tombant mort d’une étrange maladie. La réalité, c’est qu’il avait juste été transformé en vampire…
De cet épisode historique, la mémoire familiale ne retint qu’un mythe, en dissimulant les véritables conséquences causées par cette bestialité, des créatures maudites entrèrent dans le clan par la grande porte pour ne jamais cesser de réclamer leurs tribus. En l’occurrence, un serviteur qui devait rentrer à son service pour qu’il puisse protéger le reste du clan des caprices divins.

Dès lors, une étrange coutume voulait que le premier fils de la branche aîné disparaisse de la surface de la terre sans qu’aucun ne connaisse vraiment ce qu’ils devenaient. Il ne s’agissait pourtant que de simple contrat avec un échange de services pour les deux parties !..
La branche à laquelle appartenait Malcom étant devenue aîné et lui-même garçon premier né de celle-ci, il devrait un jour disparaître dans ce mystérieux destin.
Éternel angoissé sur son avenir, il s’était très vite occupé de placer sa fortune officielle sous un nom d’emprunt et échangea des valeurs aux revenus aléatoires en platine, or, argent et pierres précieuses qu’il cacha dans des cachettes découvertes dans ses « errances enfantines interdites ».
Sachant son trésor et son plan de retraite à l’abri, il se joignit à ce concile familial où on lui confia une enveloppe étrangement épaisse qui lui était adressé à l’encre d’un rouge presque noir, sous une plume aux expressions vieillottes et scellée de la marque originelle de l’ancêtre picte.
Le temps de remplir ses obligations envers ses parents, sa famille semblait être venue. En réalité, il avait décidé très égoïstement de faire semblant d’accepter ce marché de dupe, pour ensuite disparaitre sous un nouveau nom. Comme si ces derniers avaient deviné ses véritables intentions, ils l’accompagnèrent jusqu’au rendez-vous, qui perdait aussitôt le moindre côté romantique qu’il aurait pu revêtir.

C’est ainsi que le ‘touche à tout’ fut présenté à celle qui allait devenir sa maitresse, sa protectrice la nuit alors que lui le deviendrait le jour venu. Peu enthousiasme de se voir transformer en larbin, la rencontre avec cette splendide créature lui fit oublier un bref instant la bête sauvage qu’elle était en période de manque. Ce dont cette dernière prit un malin plaisir à ramener l’insouciant charmeur face à la cruelle et dangereuse réalité.
Il était à son goût, tant pour son groupe sanguin très rare, que pour les plaisirs charnels dont il se faisait un devoir d’être le plus performant possible tout en agissant avec une délicatesse extrême qu’un modeste humain puisse offrir.

Trois semaines passèrent sous d’idylliques apparences, la prédatrice nocturne s’attachait sincèrement à son serviteur, leur relation était pourtant cachée à la vue de tous, humains comme fils de Caïn. Elle lui justifia cette prudence que seul le silence garantissait sa survie tant qu’il n’était pas, dans l’initiation, devenu son gardien au regard de ses congénères. Maintes fois, elle profita de cette période pour lui montrer nombre de ses secrets et de ses capacités bien au-dessus de celles des ordinaires mortels.

Deux années s’écoulèrent avant qu’un véritable début de confiance s’installe et qu’elle lui propose un contrat qui les unissait par le sang. Conscient qu’un refus signait sa mort et désireux de rester plus longtemps avec son ‘Immortelle’ amour, il ne pouvait qu’accepter, car les vampires ne révélaient pas ce genre de choses pour qu’elles soient ensuite claironnées.
Il fallait donc accepter de devenir un peu plus dépendant pour garantir sa participation à la préservation de ce secret, qui deviendrait également le sien.
Jamais il ne regretta cette décision, qui lui ouvrait un nouveau monde dont elle allait lui apprendre règles et obligations.

Alors que leur relation rentrait dans une forme de routine bien peu coutumière pour un couple si hétéroclite de part la nature de chacun d’eux, un bouleversement de la société explosait à la vue de tous le monde. Par une simple déclaration suivie d’une prise de contrôle de tous les organes du pouvoir, les vampires avaient pris à défaut toute possibilité pour les humains de contester cette nouvelle situation. Bien sûr, comme toute révolution sans véritable contestation, nombreux furent ceux qui retournèrent leur veste afin d’être du bon côté du bâton.
Une fois encore, tous les membres du rameau américain du clan McDowell surent très intelligemment prendre le virage au bon moment, sans hésiter à mentionner le contrat millénaire qui liait la famille Mac Dowell avec les enfants des ténèbres. Ils obtinrent alors de nombreux avantages et postes importants dans les différents services du nouveau gouvernement, amplifiant un peu plus un pouvoir déjà très important.
Pour le petit couple McDowell, car Elena décida d’officialiser sa relation avec Malcom, ainsi reconnu comme son Initié, l’ingénieur bénéficiait d’un grand nombre d’avantages. Cependant, au début ils préférèrent garder leurs distances avec les institutions récemment mises en place, adoptant une prudence que leur conseillait ce ‘bon’ Angus…